DARKSPACE III I
La musique est un idéal de purification, comme le feu, elle cautérise les blessures, cicatrise les plaies. De surcroit, elle permet de sortir un peu de ce fatal système dans lequel nous sommes détenus, en nous arrachant à l’injure que sont devenus les temps modernes. Ainsi, Kaléidoscope sera toujours un espace pour décrire et partager cet art, c’est-à-dire une musique non contaminée par le conformisme ou par l’esprit marchand, des oeuvres fougueuses et créatives, comme celle de DARKSPACE, trio Suisse pour le moins obscure qui n’a presque jamais donné d’interviews afin de demeurer le plus anonyme possible.
Sa musique est un habile mélange de Black Metal, d’Ambient, de bruits divers et métalliques. Elle représente une chose difficile à comprendre et tout peut sembler hostile, fuyant, lors d’une première écoute.
De sorte qu’il faut du temps et de la patience pour s’approprier cette musique qui s’étire à outrance à travers un ensemble froid, inhospitalier et monolithique, ponctué par une boite à rythmes. Puis viennent des turbulences, des contrastes, des breaks toujours inspirés, des explosions chaotiques, des cris déchirants, un climat soufflant le chaud et le froid à grand renfort de blasts.
Cette musique venue d’ailleurs n’a aucune dimension humaine, elle est à la fois saisissante et effrayante, à l’image du cosmos, on tutoie l’infinie ou alors l’enfer, avec une foi qui donne à chaque note une aura simple et nécessaire, primitive et ingénieuse à la fois. Ici les guitares, saturées à l’extrême, forment un mur du son tandis que les claviers qui jalonnent chaque morceau de l’album, très bien incorporés, rendent à certains passages leurs caractères oniriques et envoutants.
Un cyber voyage qui nous éloigne de la vie telle que nous la connaissons en nous emportant vers des astres lointains, des contrées insoupçonnables, des territoires obscurs, vierges et froids, le tout dans un savant équilibre, mais sans aucune concession.